Lignes

Lithographie

Designer[s]
Typologie
Oeuvre graphique
Creation
2009
Édition
2009
Provenance
don

Lithographie d'un dessin de Pierre Charpin.

«Si l’on regarde de près la pureté essentielle des objets de Pierre Charpin, on y remarquera une discrétion, peut-être une fragilité. Cette délicatesse est le propre d’une présence qui nous fait signe plutôt que de s’imposer comme signe. Ce trait «poétique» est dans son travail la part du dessin. Car dessiner pour Pierre Charpin n’a jamais été simplement une étape dans le processus de production de l’objet – mais une pratique à part entière qui, si elle fait d’un côté la singularité de sa signature, traduit de l’autre une relation plus originaire à la forme. C’est pour cela que depuis quelques années le corpus de son travail intègre à côté des croquis d’objets, finalisés à la production, des «dessins de dessins». Ces derniers réalisés en grand format n’aspirent à aucune autre réalité que celle qui leur est propre.

En série de quatre, de trois ou parfois seuls les dessins représentent dans une continuité avec sa formation artistique, la possibilité d’une approche directe et immédiat à l’univers des formes. Car c’est d’abord par le dessin qu’un monde émerge, apparaît devant nous. Dans l’économie simple de ses moyens – un crayon, une surface – dans son désir de faire venir la forme, le dessin est puissance poétique. Poiesis, en grec ancien, raconte de la création d’un monde… par la puissance des dieux, par la main des hommes. Suspendues des contraintes de la production, sans finalité autre que celle imposée par leur propre élan, les formes dessinées par Pierre Charpin se déploient dans un jeu libre. Une recherche, un cheminement de la main et de la pensée vers une forme qu’il ne voit pas encore, qu’il entrevoit peut-être. Cette tension devient par la répétition infinie du même geste, par la variation chromatique d’une même ligne ou du même point, puissance plastique, dynamisme interne qui implique l’œil du spectateur dans l’émergence de la forme.

 

C’est ici que le plaisir, intime et solitaire, se transforme dans une invitation, silencieuse et discrète. Une invitation à voir entre les lignes, au-delà des lignes, avant toute apparition, le pur spectacle de l’apparaître.» Texte d’Alessandra Fanari