Marabù

"Il y a plusieurs années, j'ai eu l'occasion de voir un livre avec des photos de céramiques aztèques. Les couleurs de ces céramiques étaient légères, très mates comme si les Aztèques avaient utilisé des poudres colorées au lieu d'émaux vernissés pour leurs céramiques. La vision de ces objets qui étaient si doux, si fragiles, si éphémères et qui semblaient "apparaître" plutôt que d'exister m'a beaucoup attiré. Quand un objet est fragile, nous devons le regarder avec beaucoup de concentration, nous devons le toucher avec beaucoup d'attention et l'approcher avec respect comme si cet objet était très précieux et pouvait éclater en mille morceaux et disparaître.(...) J'y ai réfléchi pendant longtemps et soudain j'ai eu l'idée d'utiliser des émaux de couleur à basse température. Ils ne seraient peut-être pas aussi poudrés et doux mais mats quoi qu'il en soit . J'ai choisi des couleurs mates, sans vernis et brillance, sans aucune réflexion afin qu'on puisse évaluer la distance entre notre peau et l'objet. Toutefois, avec certaines couleurs on ne peut pas mesurer cette distance car les yeux vont plonger dans le vide complet d'une surface sans sens; dans le vide infini". Ettore Sottsass-Extrait de Short stories. Quattordici ceramiche e vetri di Ettore Sottsass (Italien) Hardcover – 2003